20 ans de révolte et d’obstination
Les représentants de plusieurs organisations fondatrices de la Campagne internationale contre les mines antipersonnel (ICBL), dont Handicap International, se réunissent aujourd’hui à New-York pour célébrer le vingtième anniversaire du mouvement. Cette rencontre est l’occasion de revenir sur les temps forts de ces deux dernières décennies mais surtout de poursuivre le combat pour l’éradication totale des mines.
La campagne contre les mines antipersonnel a 20 ans.
Les représentants de plusieurs organisations fondatrices de la Campagne internationale contre les mines antipersonnel (ICBL), dont Handicap International, se réunissent aujourd’hui à New-York pour célébrer le vingtième anniversaire du mouvement. Cette rencontre est l’occasion de revenir sur les temps forts de ces deux dernières décennies mais surtout de poursuivre le combat pour l’éradication totale des mines.
La rétrospective du combat met en lumière l’immense chemin parcouru depuis la mobilisation de quelques hommes et femmes il y a vingt ans. En octobre 1992, six organisations fondent cette coalition, née d’une révolte face à l’intolérable fléau des mines antipersonnel. A l’époque, près de 20 000 personnes étaient tuées ou mutilées par ces armes chaque année, dont une majorité de civils. La mobilisation de la société civile et d’organisations comme Handicap International a permis d’aboutir, cinq ans plus tard, à la signature du Traité d’Ottawa interdisant la production, l’utilisation, le stockage et le commerce de ces armes. C’est la première fois dans l’Histoire qu’une arme conventionnelle est interdite. En décembre 1997, les efforts de la Campagne internationale contre les mines antipersonnel sont récompensés par le prix Nobel de la paix. « Notre obstination à agir a porté ses fruits. Grâce à elle, nous avons conquis la légitimité indispensable pour entrer en rébellion contre d’autres armes comme les armes à sous-munitions. C’est cette même obstination qui anime encore nos équipes aujourd’hui, qui les pousse à agir sans relâche contre ces armes barbares, explique le Dr Jean-Baptiste Richardier, co-fondateur de Handicap International.
Aujourd’hui, l’ICBL compte près de 1 500 organisations issues de plus de 100 pays. L’impact du Traité d’Ottawa est considérable :
. 160 pays sont Etats parties à ce Traité, soit plus de 80% des nations du monde.
. Près de 4 000 km² de terres minées ont été dépolluées,
. Plus de 45 millions de mines dans 87 pays ont été détruites lors d’opérations de déminage
. Près de 90 millions de mines stockées par les Etats parties ont été détruites.
. Aucun Etat, même non partie au Traité d’Ottawa, n’exporte des mines antipersonnel.
. Le nombre de nouvelles victimes de mines et restes explosifs de guerre a considérablement diminué : moins de 5 000 cas enregistrés annuellement.
La mobilisation ne doit cependant pas faiblir pour que l’objectif final d’une terre sans mines ne soit pas une utopie mais devienne bien une réalité. Malheureusement certains gouvernements utilisent encore les mines antipersonnel, comme la Libye, Israël et la Birmanie en 2011 et la Syrie en 2012. De grandes nations comme la Russie, les Etats-Unis, Israël, l’Inde ou le Pakistan n’ont toujours pas adhéré au Traité d’Ottawa. L’ICBL profite de ce vingtième anniversaire pour appeler la communauté internationale à terminer le travail d’éradication des mines antipersonnel par l’arrêt immédiat de toute utilisation de ces armes, le renforcement des actions de dépollution et d’assistance aux victimes ainsi que l’adhésion des derniers Etats non parties au Traité. En tant que membre du directoire de l’ICBL, Handicap International s’associe pleinement à cet appel.
Depuis 30 ans, Handicap International intervient sans relâche pour le déminage des terres, la sensibilisation des populations menacées, l’appareillage des victimes et leur inclusion dans la société. Elle est devenue l’un des porte-parole incontournables sur la scène internationale des millions de personnes qui vivent sous la menace de ces armes, pour qu’elles ne tombent pas dans l’oubli. « C’est au nom de l’entraide que nous continuons à agir, à apporter des solutions tangibles, concrètes, en nous appuyant aussi sur les communautés et la solidarité de proximité. Celle-ci ne s’est jamais démentie : dans toutes les cultures, sous toutes les latitudes, les familles n’abdiquent jamais. C’est de notre devoir, de notre responsabilité de faire de même », souligne Jean-Baptiste Richardier.
Handicap International sera également présente lors du sommet sur le désarmement organisé par Human Rights Watch les 20 et 21 octobre à New-York. L’anniversaire des 20 ans d’ICBL sera une occasion pour les associations présentes de rappeler leur détermination inébranlable quand il s’agit de lutter contre les effets inacceptables des armes sur les populations civiles.