Geneviève Lubawa (50)
“Quand je traverse le village sur mon tricycle, les enfants crient: ”Laissez passer notre handicapée!” Avant de recevoir ce moyen de transport, Geneviève, victime, il y a treize ans, de l'explosion d'une mine antipersonnel, ne pouvait se déplacer que sur les genoux et faisait l’objet de moqueries incessantes. Désormais, elle est considérée comme “la grand-mère” du village.
“Quand je traverse le village sur mon tricycle, les enfants crient: ”Laissez passer notre handicapée!” Avant de recevoir ce moyen de transport, Geneviève, victime, il y a treize ans, de l'explosion d'une mine antipersonnel, ne pouvait se déplacer que sur les genoux et faisait l’objet de moqueries incessantes. Désormais, elle est considérée comme “la grand-mère” du village.
Il y a treize ans, Geneviève était en train de fuir les violences de la guerre, en compagnie d'une dizaine de personnes qui tentaient de gagner Goma. Pour satisfaire un besoin pressant, Geneviève s’est écartée du groupe. Dans des buissons, elle a marché sur une mine. L’explosion est violente, elle perd une jambe et l’autre est atteinte. Aujourd’hui encore, elle peut à peine bouger une de ses mains.
Bien qu’elle n’ait jamais vu un kinésithérapeute, depuis l’accident, Geneviève plonge chaque jour sa main dans de l'eau chaude et en masse consciencieusement les muscles. “Si je ne faisais pas cela, ma main deviendrait dure comme de la pierre et la douleur deviendrait insupportable. Je suis toujours contente de voir arriver la pleine lune car à cette période-là, les douleurs sont moins fortes”.
Après son séjour à l'hôpital, Geneviève n'a plus jamais revu son mari. Elle habitait à Sasha, dans le secteur de Masisi où sa belle-fille s'occupait d'elle. “Je sais que je ne suis pas une exception. C'est comme ça que ça va ici, au Congo : dès qu'une femme rencontre un problème, son mari la laisse tomber”.
De plus, les autres personnes la regardaient de haut quand elle se déplaçait sur les genoux à travers le village. La région étant couverte de collines, elle ne parcourait pas de longues distances et certainement pas en saison sèche. Ses genoux auraient alors été couverts de brûlures. Elle avait presque honte de sa situation : « Je me déplaçais comme un bébé ! »
Sa situation s’est soudain améliorée, quand elle a pu bénéficier de l’aide de Handicap International. Elle a alors reçu un kit pour équiper sa maison et un matelas. Ses toilettes ont également été aménagées. Elle a reçu de l’aide pour son petit commerce . L’association a également étudié la possibilité d’appareiller Geneviève. Mais la fragilité de son autre jambe a rendu cette solution impossible.
Elle a donc reçu une aide pour se déplacer, un tricycle avec pédalier manuel, qui lui évite de devoir marcher sur les genoux. Même si elle a peu de force dans les mains, elle parvient tout de même à se rendre où elle le souhaite.
“Avant, les enfants du village me regardaient avec méfiance. Désormais, ils trépignent d'impatience pour pouvoir m'aider à avancer. Ils me poussent jusque chez les membres de ma famille et chez mes amis. Et quand quelqu'un est dans le chemin, ils lui crient: ”Dégagez! Laissez passer notre handicapée!”. Parfois, ils m'appellent même “Notre grand-mère”.