La mobilisation, secret d'une convalescence réussie
Réadaptation
Urgence
Le 13 mai, la Chine a été secouée par un séisme d’une puissance de 7,9 sur l’échelle de Richter. Handicap International, déjà présente dans la province sinistrée du Sichuan, s’est rendue immédiatement sur le terrain. L’organisation a déployé du matériel médical et des tentes et se concentre à présent sur le soutien aux deux principaux hôpitaux de la province. Ceux-ci sont en effet confrontés à un afflux massif de patients. Eric Weerts a rejoint l'équipe d'urgence de Handicap International le 23 mai. Il explique ce que fait l'organisation pour venir en aide aux victimes.
Tremblement de terre en Chine: interview
Le 13 mai, la Chine a été secouée par un séisme d’une puissance de 7,9 sur l’échelle de Richter. Handicap International, déjà présente dans la province sinistrée du Sichuan, s’est rendue immédiatement sur le terrain. L’organisation a déployé du matériel médical et des tentes et se concentre à présent sur le soutien aux deux principaux hôpitaux de la province. Ceux-ci sont en effet confrontés à un afflux massif de patients. Eric Weerts a rejoint l'équipe d'urgence de Handicap International le 23 mai. Il explique ce que fait l'organisation pour venir en aide aux victimes.
Eric est kinésithérapeute et podologue de formation. Une fois ses études terminées, il a suivi une formation en sciences de la santé. Ce bagage et sa vaste expérience pratique l’ont amené à considérer la prise en charge des victimes comme un tout. Une vision intégrée qui complète parfaitement le travail des divers spécialistes locaux présents dans les hôpitaux chinois. « Nous travaillons avec des experts en orthopédie et des spécialistes des lésions de la moelle épinière à l'hôpital 3 et à l’hôpital West China de Chengdu, la plus grande ville de la région sinistrée. Il s'agit d'hôpitaux de haut niveau, dotés d'un personnel correctement formé. Ces structures ne disposent pourtant pas des connaissances et de la vision nécessaires pour gérer la prise en charge de très nombreuses victimes », explique Eric. La catastrophe en Chine a fait plus de 200.000 blessés, dont 10.000 blessés graves. Ceux-ci présentent surtout des fractures, des lésions de la moelle épinière, des fractures du crâne et des amputations. Handicap International possède une très grande expérience dans ce domaine et a envoyé sur le terrain plusieurs spécialistes, dont Eric Weerts, expert en lésions de la moelle épinière. Collaborateur de Handicap International depuis 1991, Eric a travaillé entre autres en Thaïlande et au Laos. Au moment du séisme, il se trouvait au Vietnam, où il coordonne un projet d'aide aux victimes de la route et d'accidents de travail. Dans un pays comme le Vietnam, il s'agit là de deux grandes causes de lésions de la moelle épinière.
La Chine bénéficie donc depuis peu de son expérience. Dans ce pays, on n’a pas encore l’habitude de faire lever les patients et de leur faire faire tous les jours quelques pas pour démarrer la phase de revalidation. « Après l’opération, les patients ne sont pas encouragés à sortir du lit ou à bouger un peu chaque jour, alors que ces mesures de mobilisation précoce sont indispensables à la réussite de la revalidation. Le personnel n’a pas le réflexe d'expliquer aux patients les exercices qu'ils peuvent faire, au quotidien, pour ne pas rester handicapés ou paralysés à vie, » explique Eric Weerts. Le kinésithérapeute belge fait donc des rondes dans les hôpitaux au cours desquelles il montre divers exercices au personnel, aux patients et à leur famille. Il explique ainsi que les personnes alitées doivent régulièrement changer de position pour éviter les escarres et comment les patients souffrant de lésions de la moelle épinière peuvent se lancer dans la revalidation. « Se remettre immédiatement à bouger, tel est le secret d’une convalescence réussie. » Grâce aux accords officiels de coopération avec ces deux hôpitaux, Handicap International peut se lancer dans un travail structurel. « Nous mettons au point des procédures pour la revalidation des victimes et proposons des formations aux équipes médicales. Nous avons assuré avec succès une première formation à l'attention de 80 médecins, kinésithérapeutes et infirmiers. Grâce à une approche multidisciplinaire, il est possible de prévenir les handicaps. Nous devons aussi impliquer les familles et élaborer une brochure d’accompagnement qu’elles pourront emmener chez elles », raconte Eric Weerts. Il sait par expérience que les écrits font autorité en Chine. Cette approche peut donc inciter les patients à pratiquer plusieurs fois par jour quelques exercices, comme cela leur a été prescrit. Les victimes sont reconnaissantes de l'aide reçue, mais leur situation reste très difficile car la plupart ne savent pas si leur maison est encore debout, ni où aller lorsqu'elles sortiront de l'hôpital. Nous insistons néanmoins pour que tous ces patients pratiquent ces exercices afin de les aider à se remettre sur pied le mieux possible. « Au lendemain de son opération, une patiente n’avait pas l’énergie de se lever et d’aller seule aux toilettes. Je l’ai aidée tout en lui expliquant qu’elle risquait sans cela de devenir incontinente. » Handicap International vient en aide à de nombreuses victimes prises en charge dans les deux hôpitaux principaux de Chengdu, une ville de 11 millions d’habitants. Eric Weerts et d’autres collaborateurs sont aussi partis pour une mission exploratoire à Myanyang, une plus petite ville touchée de plein fouet par le séisme. « Nous nous sommes rendus dans deux petits hôpitaux qui venaient d’être évacués suite à un risque d’inondation. Par mesure de précaution, 200.000 personnes ont ainsi été évacuées de la région. Pour l’instant, nous ne pouvons donc rien entreprendre, mais nous suivons la situation de près. » Le personnel évacué a été invité à suivre les formations organisées à Chengdu. « Pour jouer pleinement leur rôle au sein de la structure hospitalière, les kinésithérapeutes doivent assurer la formation de l'ensemble du personnel et leur expliquer et réexpliquer sans cesse l'approche préconisée. Il en va de la qualité de la prise en charge des victimes du tremblement de terre ». Interview : Jeroen Van Hove