Les petites sœurs Chan Rithy et Chan Ratana
… ont toutes les deux un problème aux genoux. La petite Chan Rithy pourra un jour marcher normalement. Mais pour Chan Ratana, l’aide arrive trop tard.
… ont toutes les deux un problème aux genoux. La petite Chan Rithy pourra un jour marcher normalement. Mais pour Chan Ratana, l’aide arrive trop tard.
Un petit bébé de trois mois est couché dans le hamac, ses deux petites jambes sont dans le plâtre. Elle s’appelle Chan Rithy. A cause du plâtre, l’intérieur de ses cuisses est tout irrité. So Cheata, sa mère, est assise dehors. Elle berce sa fille en balançant le hamac avec une longue corde.
So Cheata s’approche de son bébé et marmonne doucement quelques phrase incompréhensibles. Elle se décide ensuite à tout nous raconter. « Elle était à peine née que j’ai remarqué qu’elle ne bougeait pas bien ses jambes. Ses genoux étaient mal positionnés. »
Pendant sa grossesse, So Cheata se faisait examiner à l’hôpital de Kantha Bopha. Nou, la responsable du projet Happy Child à Siem Riep, nous explique que la plupart des femmes vont y passer un scan au sixième mois de leur grossesse. « Le médecin m’a dit que mon bébé avait un problème aux jambes », nous raconte So Cheata.
Journée du centre de santé
Chan Rithy pleure. Sa mère l’a lavée et elle lui frotte ensuite le corps avec du talc.
So Cheata a rencontré quelques collaborateur du projet Happy Child de Handicap International au centre de soins de santé local. C’était lors de la « Journée du centre de santé », organisée par Handicap International. Ce jour-là, l’organisation invite un médecin de l’hôpital provincial au centre de santé afin d’y examiner les habitants du village.
Un bénévole de Handicap International avait parlé de cette journée à So Cheata. Il s’agit de la personne qui donne régulièrement des formations aux femmes enceintes et aux jeunes mères afin qu’elles puissent rapidement identifier les maladies ou handicaps éventuels chez leur enfant. C’est la même personne qui, le cas échéant, les aiguille vers le centre de santé, le centre de revalidation ou l’hôpital.
Dans le plâtre
Les collaborateurs du projet Happy Child ont ensuite mis la famille en contact avec une personne du centre de réadaptation physique de Siem Reap. Depuis, Chan Rithy a été replâtrée deux fois. Le quatrième plâtre est prévu pour dans quelques jours. Normalement, la petite fille marchera un jour normalement. Si le traitement par plâtrage ne marche pas, elle sera opérée.
Le hamac où se trouve Chan Rithy est accroché près d’un autel avec la photo de son grand-père, mort sous le régime des Khmers rouges. Aujourd’hui est un jour de fête et l’on prie pour tous les membres de la famille, y compris pour les morts.
La famille n’a pas toujours facile. « Nous avons parfois du mal à joindre les deux bouts », explique So Cheata. « Mon mari est musicien, il joue lors des mariages traditionnels. Mais durant la saison des pluies, il gagne peu d’argent, car il n’y a pratiquement pas de noces. Si je n’ai pas assez d’argent pour acheter à manger ou pour envoyer mes filles à l’école, j’emprunte aux voisins. Je les rembourse durant la saison sèche. »
Ratana, sa sœur
So Cheata a trois autres filles : Chan Lika, 12 ans, Chan Ratana, 11 ans et Chan Ratha, 2 ans. Chan Ratana est atteinte de la même malformation congénitale que sa plus jeune sœur. Ses genoux sont mal positionnés et ses pieds sont tournés vers l’extérieur. So Cheata a emmené Chan Ratana à l’hôpital pédiatrique d’Angkor. « Pour Chan Ratana, il était trop tard, une opération ne servait plus à rien. »
Chan Ratana s’en sort cependant plutôt bien. Si nécessaire, elle se fait aider par sa grande sœur, Lika. « À la maison, je l’aide à se laver ou à aller aux toilettes. Et sur le chemin de l’école, je porte son cartable. Les autres élèves sont aussi gentils avec ma sœur : l’instituteur leur a bien expliqué quel est son problème et qu’il ne fallait pas se moquer d’elle. »