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Séisme de Yushu - Témoignage

Réadaptation Urgence
Chine

Témoignage d’une victime du tremblement de terre à Yushu Recueilli et mis en forme par Didier Demey, son kinésithérapeute belge

Le kinésithérapeute belge Didier Demey soigne Tsésan Djo
Témoignage d’une victime du tremblement de terre à Yushu
Recueilli et mis en forme par Didier Demey, son kinésithérapeute belge

14 avril 2010, 7 heures 30.
J’ouvre les yeux, le ciel est bas et le froid essaye de s’infiltrer sous la couverture en laine de Yak. Pema (mon épouse) est déjà levée et prépare le thé au beurre. Ca parfume la maison et me donne la force de me lever.

Ici, c’est Jiekundo, un petit village dans les Himalayas, le toit du monde, le pays des neiges et celui des gazelles à longues cornes.

Je m’appelle Tsésan Djo. Mes cheveux sont gris car ils ont vu 80 hivers rudes et parfois longs.

7 heures 50, les murs se mettent à trembler. D’abord, je ne comprends pas ce qu’il se passe. Je regarde ma tasse de thé qui danse et déborde, puis Pema, sur la pas de la porte, qui hurle qu’il faut sortir. Alors je cours aussi vite que mes vieilles jambes me le permettent, mais déjà les murs craquent. C’est en passant la porte que le mur s’est effondré me cassant un bras, puis une jambe. Je suis bloqué sous un tas de briques.

Les tremblements cessent. Il fait calme. J’essaye en vain de m’extirper de dessous les briques, mais mon bras lance des douleurs atroces au moindre mouvement.

Pema, où es-tu... ? Je la cherche des yeux, mais rien ne bouge. Pema...

Là, enfin, elle se lève et s’approche. Je m’inquiète du sang qui coule le long de son visage et sur ses mains mais elle me dit que ce n’est rien, deux égratignures tout au plus... Et, une fois encore, elle m’étonne de cette force qu’elle abrite au fond de son corps lorsque d’un mouvement elle me libère et me soulève.

Nous nous dirigeons tant bien que mal vers le centre du village lorsque les premiers secours arrivent. De jeunes hommes me portent et m’emmènent vers ce qui était la clinique. Il n’y a plus pierre sur pierre ; il y a de la fumée ; il y a de la poussière. Puis des cris qui montent des ruines. Alors je dis à mes aides de me laisser là, sur le côté et d’aller aider d’autres personnes... J’ai mal, mais je sauf!

Le lendemain, on m’emmène à l’aéroport. Je prends l’avion pour Xining (une ville que je ne connais que de nom) et l’hôpital provincial du Qignhai. Pema reste là... Elle avait raison, juste des « égratignures ».

Et me voilà sur Xining. On m’a mis des choses en fer dans le bras, puis on m’a dit de me reposer, que tout irait bien. J’ai de jeunes volontaires qui s’occupent de moi nuit et jour, des infirmières qui veillent sur mes plaies et un tchiké qui m’ennuie à me faire faire des exercices... Pema va bien. Moi aussi !

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