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Témoignage : séisme en Chine

Réadaptation Urgence
Chine

Olivier Champagne a atterri en Chine le 22 juin 2008, six semaines après que la terre ait tremblé. Kinésithérapeute, il a dispensé des formations de base et suivi des patients dans deux des plus gros hôpitaux de Chengdu pendant 15 jours. Une première mission pour Handicap International mais surtout une aventure humaine des plus gratifiantes.

Séisme en Chine - Olivier Champagne, kinésithérapeute

Olivier Champagne a atterri en Chine le 22 juin 2008, six semaines après que la terre ait tremblé. Kinésithérapeute, il a dispensé des formations de base et suivi des patients dans deux des plus gros hôpitaux de Chengdu pendant 15 jours. Une première mission pour Handicap International mais surtout une aventure humaine des plus gratifiantes.

Comment êtes-vous arrivé en Chine ?


Je souhaitais collaborer avec Handicap International depuis longtemps mais il m’était impossible d’accepter un contrat de six mois au minimum. Récemment un ami et collègue m’a parlé de fonctions de courte durée. J’ai postulé. Le lendemain, on m’appelait pour partir au Tchad. Finalement, c’est en Chine que j’ai effectué ma première mission.

Comment êtes-vous intervenu sur place ?

Dès mon arrivée à Chengdu, un collègue m’a introduit au contexte et au projet. Le lendemain, j’étais responsable de projet et pleinement opérationnel. Je suis allé au chevet des patients. Or, je me suis vite rendu compte que je ne voyais pas tous les blessés, alors j’ai pris les devants. Je suis allé moi-même dans les services. Lors de la deuxième semaine, j’ai donné des formations aux physiothérapeutes, aux infirmiers et aux chirurgiens sur la prise en charge des patients par rapport à leur spécialité. Pour chaque cas, il y avait la théorie et la pratique.

La physiothérapie chinoise est-elle différente de celle que vous pratiquez ?
J’ai senti que c’est un domaine nouveau. Au niveau théorique, ils sont très forts mais la pratique fait défaut et ils manquent de savoir-faire. Leurs conceptions sont à cheval entre la médecine traditionnelle chinoise et la médecine occidentale. Il y a aussi peu de physiothérapeutes dans les hôpitaux. Le manque de personnel limite l’accès aux soins. Mais, avec 370 000 blessés, on serait débordés ici aussi. Transposé à notre échelle, il faut s’imaginer que ce séisme aurait privé de toit la moitié de la population belge.

Comment avez-vous été accueilli ?
Les physiothérapeutes et le personnel infirmier étaient très demandeurs d’informations et de pratique. Ils n’ont aucun complexe. « Vous savez, alors apprenez-nous ! », tel était leur discours. Pour le reste, l’accueil était extraordinaire. Les patients me remerciaient, vraiment contents d’être soignés. Malgré ce qu’ils enduraient, je ne les ai jamais entendus se plaindre.

Quelles pathologies avez-vous rencontrées ?
Essentiellement des fractures, des traumas crâniens, des lésions de la moelle épinière, des amputations, avec les problèmes respiratoires et infectieux qui y sont associés. Une personne coincée sous les décombres doit être amputée sur place pour être dégagée. Les conditions d’hygiène sont précaires ce qui génère des infections. Les personnes ont souvent été orientées vers des petits hôpitaux avant d’être transférées dans les grands centres mieux équipés. Que retirez vous de cette mission ? J’ai beaucoup apprécié le projet de Handicap International car ce n’est pas une grosse machine institutionnelle. Maintenant que mon cabinet est installé, je peux davantage me permettre de donner de mon temps. Le plus des missions d’urgence, c’est de sentir directement et très concrètement le soulagement que l’on apporte.

Comment votre intégration s’est-elle déroulée ?
J’avais une petite appréhension. Un ami dont la fille est partie en tant qu’expatriée m’avait prévenu qu’il fallait pas mal de temps pour s’adapter et être vraiment opérationnel. Le deuxième jour après mon arrivée à Chengdu, j’étais au travail et efficace. Une chose que j’ai appréciée, c’est la confiance immédiate que l’on m’a faite. On m’a juste demandé de relater mes activités pour assurer le suivi du projet. C’est bon de travailler comme ça. En tant qu’indépendant, j’ai l’habitude de me prendre en main.

Et votre retour ?
C’est dur, mais les gens qui ont leurs « bobos » ici souffrent aussi et cela peut les miner. La grosse différence, c’est le degré d’exigence de la population. Les Chinois reçoivent moins de soins et montrent beaucoup de reconnaissance. Nous avons la chance d’avoir un système médical performant mais nous l’oublions bien souvent. Ce serait peut-être bien pour les patients de voir ce qui se passe ailleurs. Dans tous les cas, j’ai vécu une belle aventure humaine, et je suis prêt à recommencer !

La présence de Handicap International a-t-elle encore du sens ?
Vu le nombre de patients qui présentent des lésions nécessitant des soins à long terme, il serait utile que des équipes de Handicap International restent pour « huiler » la mécanique. La tâche est énorme. Que se passe-t-il par exemple dans les hôpitaux en zone rurale ? J’espère que les autorités chinoises et Handicap International pourront trouver un accord.

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